Députée d'Indre-et-Loire
Membre de la commission Affaires étrangères
Membre de la commission des Affaires européennes

08 Nov

Interview de Philippe Cachau – A la croisée de la mise en lumière du patrimoine

Catégories : Travail en Circonscription

Monsieur Philippe Cachau, vous êtes arrivé sur la circonscription il y a peu, pourriez-vous vous présenter aux lecteurs ?

« Je suis historien du patrimoine depuis 2011, docteur en histoire de l’art – diplômé en 2004 avec une thèse sur « Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne » dernier des Mansart (1711-1778), et chercheur associé au Centre François Georges Pariset (EA538). Je suis l’auteur de plusieurs publications* sur l’architecture des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, d’études historiques pour des collectivités territoriales et des privés. J’ai notamment travaillé pour le château de Villandry (recherche documentaire du XVIe au XXe siècle), château des Ormes (guide du patrimoine, journées d’histoire, site internet), château de Grillemont (recherche documentaire du XVIIIe au XIXe siècle), recherches documentaires effectuées aux archives départementales et nationales. Au-delà du département, j’ai réalisé l’étude du phare de Biarritz, celle de l’Hôtel du Palais où s’est tenu le dernier G7, l’abbaye de Mas Grenier à côté du Montauban, etc ».

Vous êtes l’auteur de l’ouvrage « Histoire de l’art » (éditions First) dans la collection pour les nuls et à la tête du blog « Recherche Histoire Patrimoine », pouvez-vous revenir sur votre parcours professionnel ?

« A l’origine, je n’étais pas fait pour être historien de l’art, cela est arrivé par hasard. Dans les années 1980, la mode était au commerce international, je me suis donc engagé dans une filière Langues étrangères appliquées (LEA) anglais et espagnol au sein de l’Université de Paris VII, et je travaillais parallèlement pour payer mes études au château de Versailles en tant que vacataire. C’était l’époque de Pierre Lemoine, conservateur de Versailles, où l’on remontait tous les décors du rez-de-chaussée du château qui avaient été démontés sous Louis-Philippe : les appartements de Mesdames, filles de Louis XV,  du dauphin et de la dauphine. Les boiseries étaient dans les réserves et furent ressorties. J’ai travaillé ensuite au Grand Trianon où était remonté, pareillement, le salon de famille de Louis Philippe. Cela m’a tellement passionné que je me suis demandé comment on devenait conservateur de musée. Il fallait faire de l’histoire de l’art, donc comme j’avais une licence de LEA, je suis rentré par équivalence en Histoire de l’art à Paris IV Sorbonne. Et avec ma maitrise de l’histoire de l’art je suis entré à l’Ecole du Louvre en muséologie (dernière année). Nous étions dans les années 1990. J’ai passé le concours de conservateur de musée, sans succès. Ensuite, après le service militaire, je suis entré à la Réunion des Musées nationaux où je suis resté 13 ans. De là, je suis entré à la conservation du château de Versailles en tant qu’attaché, puis au centre de recherche de Versailles où je suis resté une année. Enfin, je suis passé au service communication du château de Versailles jusqu’en 2010. A partir de cette date je suis passé indépendant et j’ai réalisé de nombreuses recherches pour des privés et collectivités.»

Quel est votre projet pour la Touraine ?

“Je suis venu en Touraine pour promouvoir le patrimoine du XVIIIe siècle, négligé actuellement, et particulièrement les secteurs Touraine-nord et sud, les moins mis en valeur. Étant dans la communauté de communes Gatines-Choisilles Pays-de-Racan, qui est une terre de lettres (Racan ; Jean-Raspail ; Daphné du Maurier) et d’un patrimoine méconnu et sous-évalué. Il s’agit de dresser un diagnostic de la situation sur les secteurs hors des circuits traditionnels d’Indre-et-Loire. D’établir des études patrimoniales des sites concernés (histoire et architecture), d’élaborer des actions concertées pour leur ouverture au public et leur animation. Enfin, de lancer des financements : subventions, mécénat, crowfunding, produits dérivés, et de définir des actions de communication, l’objectif étant une plus large identification de la diversité touristique de la Touraine, de ses qualités patrimoniales et environnementales au-delà de la seule Renaissance.”

Parlez-nous de la Touraine du XVIIIe siècle.

“Le XVIIIe siècle est la période la plus importante de la Touraine et du Val de Loire après la Renaissance. Le patrimoine local de cette période est riche de châteaux, d’hôtels particuliers, d’édifices publics et religieux, souvent restés dans l’ombre de leurs illustres ainés. Nombre de sites demeurent ainsi encore ignorés du public comme des institutionnels. Ce patrimoine fut la propriété de personnalités importantes du moment : ministres, financiers, hommes de lettres, souvent parisiennes, qui firent de la région leur villégiature privilégiée. Ils attirèrent auprès d’eux des artistes, des architectes, dont certains de Paris ( Jean Mansant de Jouy, Louis-Denis Le Camus, Charles De Wailly …). Le plus illustre d’entre eux fut le duc de Choiseul, ministre de Louis XV, et gouverneur de la province de 1760 à 1785.”

Qu’auriez-vous (acteurs…) besoin pour que ce projet de promotion du patrimoine du XVIIIe siècle prenne forme ?

“Un soutien des élus, conscients des enjeux du développement d’un tel projet pour la juste répartition de la manne touristique sur l’intégralité du département, et pas seulement le Val de Loire. Car qui dit développement touristique, dit développement économique et culturel des territoires, dont beaucoup d’entre eux ne peuvent plus se contenter des seules ressources procurées par l’agriculture ou le commerce de proximité. La collaboration active des députés, conseillers départementaux, maires… est sur ce point déterminante.

Un autre volet celui de l’action médiatique : es médias sont utiles pour se faire connaitre, et diffuser l’intérêt du projet. Car en effet, le tourisme de l’Indre-et-Loire ne se résume pas seulement à la Renaissance, les autres périodes de l’histoire méritent d’exister, et particulièrement celui du siècle des lumières qui fut fécond, le public doit en être informé.

Si la Renaissance est assurément un atout pour le Val de Loire, elle ne doit pas devenir un piège dans lequel la Touraine pourrait s’enfermer.

Enfin, le troisième point : les acteurs locaux, les acteurs du tourisme, la collaboration de l’université et de la DRAC.”

Si vous deviez conseiller un ouvrage d’histoire à nos lecteurs ?

“Avec un peu de nostalgie, « Histoire De La France Et Des Français Au Jour Le Jour » par Alain Decaux et André Castelot.”

Site internet : http://www.philippecachau.fr/

Contact : Monsieur Cachau se tient à votre disposition pour toute recherche documentaire, historique et autre élément de valorisation du patrimoine (site internet, documentation, rédaction de guide, plaquette, ouvrage…). Pour le contacter : Philippe.cachau@sfr.fr

A savoir : Monsieur Philippe Cachau publiera en décembre un ouvrage sur le château de Beaumont la Ronce.

Oeuvres à ce jour de Philippe Cachau :

  • Les Mansart. Trois générations de génies de l’architecture, éditions LeLivred’art, Paris (parution 2e semestre 2020).
  • Le domaine impérial de Biarritz. Versailles et Trianon sur la côte basque, éditions Hommel, Paris (parution 2e semestre 2020).
  • Biarritz sous le Second Empire (1854-1870), hors-série «Napoléon III. Le magazine du Second Empire», Paris (parution mars 2020).
  • Beaumont-la-Ronce. Un château en Touraine. Histoire-Architecture-Environnement, éditions La Simarre, Joué-lès-Tours (parution décembre 2019).
  • Le marquis de Voyer (1722-1782) : l’homme, le parent, l’ami, le politique et le mécène, annales de la journée d’histoire 2013 du château des Ormes, Narratif, Châtellerault, 2014.
  • Le château des Ormes, coll. « Itinéraires du Patrimoine », Service régional de l’Inventaire de Poitou-Charentes, Geste, Poitiers, 2013 (préface de Mme Ségolène Royal, présidente de la Région Poitou-Charentes).
  • La cathédrale Saint-Louis de Versailles : un grand chantier royal du règne de Louis XV, Somogy, Paris, 2009 (préface de Mgr Eric Aumonier, évêque de Versailles).
  • L’histoire de l’art pour les nuls, First, Paris, 2006.
Publié le 08/11/2019
Sabine THILLAYE