Députée d'Indre-et-Loire
Membre de la commission Affaires étrangères
Membre de la commission des Affaires européennes

11 Mai

C’est un jardin extraordinaire…

Catégories : Travail en Circonscription

Qu’on se le dise, il existe désormais à Tours, un lieu unique, défiant les codes de la production agricole et potagère, un jardin perché ! Comme le corbeau de la Fontaine, il arbore fièrement, non pas son fromage, mais ses plans, ses légumes, ses salades et n’en déplaise à tous les renards critiques ou dubitatifs, il apparait bel et bien comme le phénix des hôtes de ces terrasses en bois.

Ce potager perché, qui pousse sur la terrasse du 3 Rue de la Milletière, à Tours Nord, a pour vocation d’offrir non seulement une expérience inédite d’urbanisation, mais également une alternative vertueuse de la production agricole urbaine. Le tout conjugué à la vinaigrette bien-être, valorisation sociale et bon vivre durable !

Car en effet ce jardin extraordinaire, où les grenouilles ne chantent pas encore, est bien le chapeau verdoyant de 76 logements issus d’un projet immobilier du bailleur social tourangeau, Tours Habitat.

Vendredi 7 mai je m’y suis rendue car mon envie était non seulement de découvrir ce lieu unique de la circonscription, mais également de rencontrer les acteurs initiaux et moteur de ce brillant projet :

• Grégoire SIMON, directeur général de Tours Habitat, le porteur de projet,

• Jean Pierre GENET, directeur de Tours-Fondettes Agrocampus, structure pilote de la plantation et la gestion végétale,

• Audrey DEBONNEL, ingénieure agronome, cheffe du projet « j’habite mon jardin » qui a supervisé à la fois tout l’aspect technique du jardin et qui assure également le suivi « écologique » du projet

• et enfin Victor SORET, jeune agriculteur urbain, formé au Lycée de Fondettes et aujourd’hui en licence d’agriculture urbaine à Nantes, qui en est la cheville ouvrière.

[Agriculture urbaine] Une réalisation innovante d’Habitat social & de Maraîchage urbain : Né d’une recherche collaborative, avec une finalité sociale, économique, formative et écologique, ce projet met en lien étroit les biotechnologies innovantes à un environnement bâti et humain, garantissant par la même dans la gestion de l’eau et l’économie d’énergie.

« les jardins perchés », n’ont pas couté plus cher qu’un autre immeuble de même taille avec le même nombre de logements. Et comme les résidents sont en attente d’un cadre végétal dans leur environnement de vie, ce projet a dès son origine, eu pour vocation, de répondre aux deux  exigences. » indique Grégoire Simon.

Et Audrey DEBONNEL de rajouter : «Notre objectif est de construire un modèle agro-alimentaire pérenne et innovant. Nous souhaitons promouvoir un nouveau rapport, plus transparent, plus sain, plus honnête, entre le citoyen et son alimentation, entre la ville et le végétal ».

1200 m² de surfaces cultivées au sol, 996 m² de surfaces cultivées en toiture dont 776 m² sous serres et 170 m² de locaux techniques. C’est précisément la répartition de cette culture urbaine qui allie la tradition et l’innovation. « J’ai toujours été intéressé par le maraîchage urbain à la fois pour son côté social, sa dimension technologique. Produire de la nourriture en ville c’est fort ! » précise Victor SORET, ce tourangeaux ancien élève du lycée agricole de Fondettes, devenu étudiant à Nantes.

« Pour les serres la première production a démarré ce printemps, car la culture a débuté en janvier 2021.  La culture se fait en Hydroponie (la terre est remplacée par un substrat neutre et stérile) c’est-à-dire hors-sol avec zéro traitement phytosanitaire (aucun pesticide) et des engrais classiques pour la nutrition. 36 plans par mètre carré et jusqu’à 4700 plans dans la serre. Comme il n’y a pas de terre, il n’y a pas de perte d’eau ! Et pour finir un composteur collectif a été mis à disposition pour les résidents par le bailleur.

Les petites réserves qui pourraient être formulées à ce jour concernent l’accessibilité par les résidents à ces lieux de culture. « le choix qui a été fait pour assurer à la fois le modèle économique et donc la pérennité de l’exploitation, c’est d’attribuer la responsabilité de l’exploitation à un seul professionnel. Et pour lui garantir un certain niveau de production on ne peut s’orienter sur des espaces partagés » explique Grégoire SIMON.

« Notre espoir réside dans la mise en place d’une formation d’agriculture urbaine au local, en lycée agricole. Celle-ci pourrait dynamiser ce lieu et lui donner plus de possibilités en termes de coconstruction de production avec les habitants. Mais en l’état actuel c’est difficile de l’imaginer » insiste Jean Pierre GENET directeur d’Agrocampus Tours Fondettes.

Audrey DEBONNEL quant à elle ouvre sur l’animation du lieu « Déjà des animations ont eu lieu et d’autres pourront s’envisager dans le temps. Il est évident qu’un lieu comme celui-ci doit permettre au quartier et à l’ensemble de la métropole, d’offrir à ses administrés un regard différent sur la production agricole, tout en éduquant les enfants à l’alimentation et à la qualité des produits de consommation »,

Alors à un euro la salade, vendue aux résidents ou encore livrée en AMAP, il faudra beaucoup de détermination, de professionnalisme et de pugnacité pour rendre le modèle économique du projet, viable et pérenne. Mais du côté de la maîtrise d’ouvrage, l’optimisme est de mise, partant du principe qu’à chaque problème, existe une solution et non l’inverse !

A noter également que l’ensemble de la démarche proposée aux Jardins Perchés s’inscrit dans l’ambition du Projet Alimentaire Territorial porté par la Métropole, qui vise à garantir une alimentation de qualité aux consommateurs tout en permettant aux producteurs locaux de vivre de leur travail. La Métropole est d’ailleurs un financeur important du projet, tout comme les fonds européens issus du FEADER.

D’autre part, la réussite de ce projet est pour tous, souhaitée et souhaitable car tout le monde sait que c’est bien de sa réussite et de son intérêt que seront conditionnés et orientés forcément les choix architecturaux et stratégiques des futures constructions urbaines de Tours Habitat.

Alors en tant que députée, représentant notre territoire à l’Assemblée nationale, je ne peux que louer ce travail commun qui a vu l’émergence de ce projet, sa concrétisation et sa mise en œuvre. Je souhaite de toutes mes forces qu’il puisse recevoir très prochainement la visite du Ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, afin que celui-ci constate le travail accomplit.

La Fontaine terminait sa Fable en avertissant que « tout flatteur vivait aux dépens de celui qui l’écoute et que cette leçon valait bien un fromage. » mais par opposition au corbeau de La Fontaine, ici personne n’est honteux et confus et tous avouent joyeux et résolus, qu’un projet comme celui-ci, pourrait tout à fait être reconduit !

Publié le 11/05/2021
Sabine THILLAYE