Députée d'Indre-et-Loire
Membre de la commission Affaires étrangères
Membre de la commission des Affaires européennes
Catégories : Commission Défense et forces armées
La guerre d’agression Russe en Ukraine est apparue comme le “wake up call” de la défense allemande et a permis de débloquer 100 milliards d’euros pour équiper la Bundeswehr, avec une ambition d’atteindre 2% de son PIB dans ses dépenses en matière de défense. Ce budget va permettre aux industriels allemands, longtemps négligés, de combler un certain retard.
Ce tournant géopolitique ne va pas profiter uniquement aux industriels allemands, mais va également bénéficier aux américains, aux polonais ou aux tchèques, vers lesquels l’Allemagne compte se tourner pour se fournir en matériel miliitaire. Cependant, l’Allemagne n’a fait aucune mention de la France comme partenaire stratégique clé au sein de l’Union européenne.
Des divergences en matière d’intérêts malgré des liens historiques forts
La coopération franco-allemande réside dans l’idée d’une réconciliation historique et s’est matérialisée par de nombreux accords. Dans le traité d’Aix-la-Chapelle en 2019, l’Allemagne et la France se sont engagées à compléter et renforcer leurs liens étroits dans les domaines de la politique étrangère et de sécurité et à intensifier l’élaboration de programmes de défense communs. Cette volonté était affichée dès 1963 avec le traité de l’Élysée.
Des divergences d’intérêts se sont toutefois fait entendre. Par exemple, en matière d’acquisitions communes, mais aussi dans le cadre du développement d’un complexe militaro-industriel basé sur une coopération forte entre les deux pays. Les récents développements concernant le Système de Combat Aérien du Futur (SCAF) et le système principal de combat terrestre dit “Main Ground Combat System” (MGCS) témoignent de ces difficultés. En effet, ces programmes communs existent mais peinent à se développer. Cela peut s’expliquer par une politique nationaliste de l’Allemagne concernant son industrie de défense, un partenariat fort avec les Etats-Unis mais aussi par un réticence du parti Social-Démocrate Allemand (SPD) à s’engager militairement à l’international.
Un couple au potentiel important
Dans ce contexte, le couple franco-allemand doit pourtant ĂŞtre moteur de cette ambition afin de bâtir une autonomie stratĂ©gique europĂ©enne tant Ă travers une vision gĂ©opolitique commune que pour permettre d’agir ensemble de façon plus efficace, plus rapide et plus cohĂ©rente. Alors que nos politiques Ă©trangères se tournent vers la Russie et soulèvent des questions de sĂ©curitĂ©, la question de l’investissement dans nos dĂ©fenses armĂ©es est de fait soulevĂ©e. La France et l’Allemagne sont deux États-membres dont les dĂ©penses en matière de dĂ©fense sont les plus Ă©levĂ©es au sein de l’Union europĂ©enne. Ainsi, il est nĂ©cessaire de renforcer notre coopĂ©ration avec l’Allemagne pour relever les dĂ©fis sĂ©curitaires actuels et futurs sur notre continent europĂ©en.Â
© Dassault Aviation – M. Douhaire