Députée d'Indre-et-Loire
Membre de la commission Affaires étrangères
Membre de la commission des Affaires européennes
Catégories : Commission des Affaires Européennes
Madame, Monsieur, chers amis,
En ce 9 mai 2020, Journée de l’Europe et 70e anniversaire de la Déclaration Schuman, la crise du coronavirus nous montre que l’Union européenne est plus nécessaire que jamais. Devenue en quelques semaines l’épicentre de la crise, elle s’est retrouvée en proie aux intérêts individuels des États-membres, manquant à la fois de coordination et de solidarité. Pour son futur, loin de cette attitude, je nous invite à revenir aux origines et à regarder l’avenir. Dotons l’Union européenne de moyens ambitieux et renforçons la solidarité entre les États-membres : ensemble, créons une véritable communauté de destin, capable d’affronter les défis à venir.
Dire que les États-membres ont fait preuve d’un manque de coordination dans la lutte contre la pandémie serait une litote : fermeture de certaines frontières internes sans entente, restrictions au marché commun, multiplication des mesures unilatérales. Alors que l’Italie, l’Espagne, la Belgique et la France choisissaient le confinement généralisé, certains États tentaient de miser sur l’immunisation collective. Ces décisions ont manqué d’enrayer la propagation du virus et ont porté atteinte aux libertés fondamentales des citoyens de l’Union ainsi qu’à l’intégrité du Marché intérieur.
Au milieu de ce tumulte, un seul acteur s’est montré à la hauteur dès le commencement : l’Union européenne, par le biais de la Commission européenne, qui a mis en place un mécanisme complet de gestion de crise. Ne possédant pas de compétences autonomes pour lancer un sauvetage intégral de l’état sanitaire et de l’économie européenne, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a proposé des mesures fortes : fermeture des frontières extérieures, maintien des échanges d’équipements entre les États-membres et modification des mécanismes d’investissement afin de soutenir les régions, l’économie et la recherche à hauteur de 37 milliards d’euros.
En outre, afin de permettre aux États de soutenir leur économie par des mesures exceptionnelles, la Commission a décidé de donner une pleine portée aux clauses de flexibilité prévues par les traités. C’est ainsi que des dérogations temporaires au régime des aides d’État et un assouplissement des règles budgétaires ont été adoptés pour protéger l’ensemble de notre économie.
A la mi-avril, finalement, les États-membres ont approuvé la levée de 540 milliards d’euros dans le cadre d’un paquet de sauvetage. Ce plan de soutien intègre plusieurs outils monétaires, financiers et économiques mais aussi, et c’est une première, un dispositif européen de réassurance chômage.
Il est maintenant du rôle de la Commission de mettre en place un véritable fonds de relance pour dépasser les intérêts nationaux et parvenir à un redémarrage économique, le soutien à la transition environnementale par le Pacte vert, mais aussi à la recherche et à l’innovation. Ce n’est qu’en agissant ensemble, de manière ambitieuse et cohérente, que nous sortirons de cette crise.
Pour l’avenir, nous devons tirer les leçons de cet évènement et revenir aux fondements de l’Union européenne. Nous devons donner à l’Union davantage de moyens et de compétences. Au plan sanitaire, des réunions régulières entre les États-membres, pilotées par un fort leadership européen, seront nécessaires pour endiguer ces situations rapidement, en élaborant, ensemble, des mesures de santé publique et de gestion de crises. À défaut d’une approche commune, notre espace de libre circulation de 450 millions d’habitants se trouvera désemparé dès la prochaine alerte.
Les négociations autour du futur Cadre financier pluriannuel doivent être ambitieuses, sans quoi il sera impossible de mettre en place des mécanismes de solidarité efficaces. L’enjeu va bien au-delà de la prévention des crises sanitaires ou économiques ; il s’agit de notre crédibilité et de notre indépendance vis-à-vis des autres blocs géopolitiques mondiaux.
Alors que cette année, la journée du 9 mai nous paraît ternie par beaucoup d’incertitudes, renforçons et poursuivons notre objectif commun d’une Union européenne solidaire : garantissons son autonomie stratégique, renouvelons l’ambition du futur Pacte Vert, apprenons à travailler mieux ensemble, dans le respect de nos cultures et histoires réciproques.
Sabine THILLAYE