Députée d'Indre-et-Loire
Membre de la commission Affaires étrangères
Membre de la commission des Affaires européennes

03 Oct

[Cérémonie] Les Justes parmi les Nations

Catégories : Travail en Circonscription

« Quiconque sauve une vie sauve l’humanité »

Tamud

En 1942, après la rafle du Vel D’hiv, David et Luba CHECINSKY, sauvés in extremis arrivent à envoyer leurs deux fillettes, Denise et Fanny à Saint Patrice chez Henri et Yvonne PIERRE qui tenaient un café restaurant en face du château, pour essayer de les sauver de l’horreur.Avec l’aide du voisinage, celle du maître d’école et la complicité du village, les petites filles vont pouvoir « vivre » trois années durant, jusqu’à la libération en « presque » toute tranquillité.

Ce dimanche matin à Saint Patrice commune de Coteaux sur Loire, dans la salle A.Bonnet, Daniel Sans-Chagrin, Maire de la commune et François GUGUENHEIM, Vice Président du Comité Français pour Yad Vashem, avaient donné un rendez-vous à l’histoire.

Un rendez-vous voulu par l’Etat d’Israël, qui depuis 1953, en même temps qu’elle créait le mémorial de Yad Vashem à Jérusalem, consacré aux victimes de la Shoah, décida d’honorer « les Justes parmi les nations qui ont mis leur vie en danger pour sauver des Juifs ». Des femmes et des hommes qui, sous l’occupation, ont aidé comme ils pouvaient le peuple juif en essayant d’arracher aux griffes de la barbarie nazie, les enfants destinés à une fin tragique, juste parce qu’ils étaient juifs. De l’immersion dans cette période douloureuse et tragique, ce dimanche matin, est née un moment d’unité et d’émotion rare.

D’abord parce que ceux qui ont pris la parole ont su trouver les mots adaptés. Daniel Sans-Chagrin, François Guguenheim, Pierre Louault, Sénateur et fils de Justes parmi les nations, Delphine Gamburg, ministre Conseiller auprès de l’Ambassade d’Israël à Paris et Marie Lajus, Préfète d’Indre-et-Loire. Sans pathos, sans emphase, sans cynisme, avec pour chacun, chacune, le rappel d’une histoire douloureuse qui a vu naître, partout en France, en même temps que la lâcheté et la veulerie, des actes de bravoures, de résistance, de solidarité et d’humanisme précieux.

Ensuite, parce que des principaux protagonistes, tous étaient là. Les vivants, Guy Checinski, frère de Denise et Fanny, Alain Perelman, fils de Denise, les descendants et filiations, avec leurs précieux souvenirs qui imposèrent écoute et compréhension et les disparus, oui les disparus, avec leur présence essentielle, indispensable et symbolique qui imposèrent la mémoire et la reconnaissance.

Et enfin parce que les mots du poème « les justes » de Paul Rosenberg, les vers du poème « le Badge » d’Albert Pesses, donnés par l’innocence des enfants, les notes égrenées par le violon de Jean Claude Fiol, ont tapissé les lieux d’une teinte délicate, émotionnelle et universelle et intemporelle.
Alors oui dans ce moment de fraternité, je peux dire que par mes origines, j’avais en ce matin d’automne, mon cœur allemand ému mon cœur français, fier !

Alors à la question que nous nous sommes tous posés : « et nous qu’aurions nous fait ? », j’ai voulu, non pas répondre, mais juste dire, que la seule histoire qui ne se répète pas c’est celle que l’on refuse d’écrire.

Publié le 03/10/2021
Sabine THILLAYE