Députée d'Indre-et-Loire
Membre de la commission Affaires étrangères
Membre de la commission des Affaires européennes
Catégories : Travail en Circonscription
Sous la présidence de Sebastien Prouteau, l’Assemblée Générale annuelle de la FNSEA d’Indre-et-Loire s’est tenue ce mardi matin dans les locaux de la Chambre d’Agriculture à Chambray-les-Tours.
Après l’approbation et la validation du bilan d’activité, la parole a été donnée à Hervé Lapie, agriculteur en polyculture-élevage dans la Marne, secrétaire général adjoint de la FNSEA, et Franck Moreau, agriculteur et secrétaire général de la FNEC (Fédération Nationale des Éleveurs de Chèvres).
A suivi la table ronde dont le thème central était « le stockage de carbone » offrant aussi l’occasion d’ouvrir plus largement sur les enjeux de l’agriculture et les éléments d’actualité, notamment la politique agricole commune (PAC) qui s’est invitée en préambule, pour que le syndicat agricole puisse rappeler que la France reste le plus gros bénéficiaire de cette politique européenne mais que les évolutions qui ont vu le jour cette année, notamment les dispositifs liés aux éco-régimes, soulèvent quelques contestations.
Cette nouvelle mesure environnementale du premier pilier de la PAC conditionne, en effet, une partie des aides financières selon les actions menées et des résultats obtenus sur le plan de l’agro-écologie, la diversification des sols et la réduction de produits phytosanitaires et engrais azotés.
Une autre crainte a également été exprimée par les participants qui ont le sentiment qu’on voudrait imposer à la France et à ses agriculteurs une dynamique de décroissance, alors que dans les autres parties du monde, nos préoccupations sont loin des leurs. Ainsi pourrait s’établir un profond déséquilibre et forcément une fragilisation à court terme de notre modèle agricole.
Par ailleurs, le fait que la PAC n’aborde dans aucun de ses chapitres les pénuries de productions de protéines végétales inquiète également car, dans le même temps, les Länder allemands s’organisent pour produire davantage (le soja notamment) et gagner ainsi en autonomie.
Les zones non traitées (ZNT) seront abordées sommairement. Elles mériteraient un débat à elles seules estiment les protagonistes présents. Par contre la thématique centrale, appelle quant à elle une réflexion et un débat passionnant.
S’ensuit le débat sur la décarbonation qui appelle de toute évidence une réflexion sociétale importante et qui a d’ores et déjà engagé les agriculteurs sur des plans d’action importants où se mêlent dimensions écologiques, environnementales, sociales et bien sûr économique.
Car les secteurs agricole et agroalimentaire comme tous les secteurs économiques, émettent des gaz à effet de serre (GES). Néanmoins, ils se distinguent des autres, à la fois par les enjeux associés et par les processus en présence. Ils ont, par essence, pour vocation première de nourrir la population.
Enfin, à la différence des autres secteurs, l’agriculture est à la fois source et puits d’émission puisqu’elle peut stocker et déstocker du carbone dans les sols.
L’objectif sera donc dans les années à venir non seulement de gagner en précision sur les bilans en vue d’aider les entreprises de ces secteurs dans leur organisation et leurs modes de production, mais également d’insister sur la nécessité d’une mise en œuvre des leviers de réduction des émissions dans le cadre d’une réflexion globale et d’une implication des différents acteurs de la filière, de la fabrication des intrants pour l’agriculture jusqu’à la distribution aux consommateurs.
A ce jour, pour plus une tonne de CO2 produite par habitant, la partie alimentation concerne environ 100 kilogrammes. Le reste touche davantage à nos modes de déplacements, de chauffage, d’habitat…
Ce qui est certain toutefois c’est que pour accélérer la décarbonation de l’agriculture d’ici à 2050 (date butoir fixée par l’Union européenne), il faudra modifier notre façon de concevoir la quasi-totalité de la chaine alimentaire, car nous savons que d’ici 30 ans, la population mondiale passera de 7 à environ 9 milliards d’individus.
Par conséquent la question que l’on doit se poser et à laquelle il faudra de toutes façons répondre est : Peut-on nourrir 2 milliards de personnes supplémentaires tout en atteignant l’objectif de zéro émission de gaz à effet de serre ?
Nous devons y parvenir d’ici à 2050 si nous voulons maintenir le réchauffement de la planète en dessous de 2°C et éviter les conséquences majeures du changement climatique. La seule façon d’atteindre cet objectif est par conséquent, de changer radicalement notre manière de produire les aliments que nous consommons et donc nos modes de vie.
Cette réflexion doit s’inscrire dans une logique « gagnant-gagnant » sur le long terme pour l’ensemble des acteurs.
Le monde agricole est un gros émetteur de CO2 mais possède une importante capacité de captation du carbone dans le sol (à condition de savoir comment s’y prendre mais aussi comment financer cette transition) par différentes techniques agronomiques (agroécologie, agriculture de conservation) et des solutions permettant aux exploitants de calculer leur empreinte carbone, de déceler les points sur lesquels ils peuvent travailler et, dans un second temps, d’obtenir le label « bas-carbone » afin de souscrire au mécanisme de « crédit carbone » : une véritable monnaie de lutte contre le réchauffement climatique, dont nombreux se sont déjà saisis! A titre d’exemple, un agriculteur peut « revendre du CO2 » sur les marchés carbone pour un profit immédiat aux alentours de 38€ la tonne.
Le Label bas-carbone, lancé par le gouvernement en 2019, permet de certifier des projets de réduction d’émissions de gaz à effet de serre et de séquestration carbone dans tous les secteurs (forêt, agriculture, transport, bâtiment, déchets, etc.) et de les valoriser économiquement.
Bien entendu, déjà beaucoup de Start-up et d’entreprises se sont glissées sur ce secteur d’activité. A suivre donc…