Députée d'Indre-et-Loire
Membre de la commission Affaires étrangères
Membre de la commission des Affaires européennes
Catégories : Commission Défense et forces armées
Le cycle d’auditions sur l’économie de guerre est désormais terminé. Comme après chaque cycle, la commission publiera un recueil de ces auditions avec une contribution de chaque groupe.
Dans un contexte de réarmement général, il est important de pouvoir définir ce que l’on entend aujourd’hui par « défense européenne » ou encore « Europe de la défense ».
Quand on évoque la défense européenne, il existe en réalité de nombreuses définitions. Pour la France, elle est intimement liée au concept d’autonomie stratégique européenne, qui suppose la capacité pour les pays européens à assurer leur défense et à mener des opérations militaires de manière relativement autonome. L’autonomie suppose que les pays européens soient capables de produire un armement européen en quantité suffisante pour répondre aux enjeux sécuritaires, notamment en cas de conflit de haute intensité, comme celui que nous connaissons actuellement avec l’Ukraine. L’idée n’est pas d’affaiblir l’OTAN au profit d’une défense européenne plus forte, mais avant tout de renforcer le pilier européen de l’OTAN.
Pour l’Allemagne, la défense européenne passe en priorité par l’OTAN et par les américains pour la fourniture d’armements. L’Allemagne n’est pas réticente au concept d’autonomie stratégique européenne, mais adopte une approche plus prudente. Cependant, les incertitudes liées à la présidence Trump aux États-Unis renforcent en Allemagne l’idée que la défense doit désormais être l’affaire des européens. La CDU/CSU et le SPD, susceptibles de gouverner ensemble suite aux récentes élections législatives en Allemagne, proposent un fonds spécial de 500 milliards d’euros pour moderniser les infrastructures et renforcer les dépenses de défense, nécessitant une réforme du « frein à l’endettement ». Ces 500 milliards s’ajouteraient aux 100 milliards déjà débloqués par Olaf Scholz au moment du déclenchement de la guerre en Ukraine. Cette mesure marquerait un changement de paradigme majeur en Allemagne.