Députée d'Indre-et-Loire
Membre de la commission Affaires étrangères
Membre de la commission des Affaires européennes

10 Juin

Renforcer les liens franco-néerlandais en matière de défense : retour sur une mission parlementaire aux Pays-Bas

Catégories : Commission Défense et forces armées

En tant que vice-président de la Commission de la Défense nationale et des Forces armées, j’ai eu l’honneur de conduire, au mois de mai, une délégation de parlementaires aux Pays-Bas. L’objectif de ce déplacement était de nous familiariser avec l’environnement politique néerlandais et son rapport à l’outil de défense, la vision stratégique néerlandaise et la politique industrielle avec la BITD néerlandaise.

Cette mission s’inscrivait dans un objectif clair : approfondir la coopération stratégique entre nos deux pays, à un moment où l’Europe doit plus que jamais renforcer sa défense et son autonomie.

Notre déplacement a débuté par une rencontre avec Gijs Tuinman, secrétaire d’État néerlandais à la Défense. Cet échange a permis d’aborder les priorités partagées par nos deux pays.

À l’Ambassade de France, nous avons ensuite participé à une séquence « think tanks » particulièrement stimulante, en présence de représentants de RAND Europe et de notre attaché de défense. Les discussions ont porté sur les relations entre les Pays-Bas et les États-Unis dans l’hypothèse d’un retour de Donald Trump à la Maison Blanche, mais aussi sur les enjeux d’autonomie stratégique européenne et sur le rôle spécifique de la dissuasion nucléaire française dans l’architecture de sécurité du continent.

Nous avons également eu des échanges riches et constructifs avec nos homologues de la Tweede Kamer, la chambre basse du Parlement néerlandais. Nos discussions ont porté sur le développement d’une base industrielle et technologique de défense européenne (BITDE), ainsi que sur la nécessaire préférence pour les achats européens dans les équipements militaires.

La question de l’adhésion des opinions publiques aux enjeux de défense est également revenue dans nos échanges.

Sur le terrain industriel, notre visite de Royal IHC — sous-traitant de Naval Group pour la construction de nos quatre futurs sous-marins — a illustré de manière concrète la coopération vertueuse entre nos industries de défense. Ce partenariat incarne à la fois notre excellence technologique commune et notre volonté partagée de renforcer l’autonomie stratégique de l’Europe. Il est à noter que les Pays-Bas opèrent, pas à pas, une réorientation de leur politique vers l’Europe de la défense. Le retrait brutal d’Afghanistan, la réélection de Donald Trump ainsi que la guerre en Ukraine les confortent dans la nécessité d’une autonomie stratégique européenne proche de la vision française. En plus des quatre sous-marins de classe Barracuda, les forces armées néerlandaises ont acquis douze hélicoptères H225M Caracal auprès d’Airbus. 

Enfin, au ministère néerlandais des Affaires économiques, nous avons échangé avec le directeur général en charge de l’entreprise et de l’innovation sur les enjeux cruciaux du recrutement et de la fidélisation dans l’industrie de défense. Un constat s’impose : pour garantir notre souveraineté technologique, l’Europe devra aussi investir massivement dans son capital humain.

Cette mission a confirmé que la coopération franco-néerlandaise, déjà dynamique, dispose de nombreux leviers pour s’intensifier encore. Les Pays-Bas figurent parmi les premiers pays à avoir rejoint l’initiative européenne d’intervention impulsée par la France. Néanmoins, il existe des divergences sur lesquelles nous devons encore travailler. S’agissant des débat autour d’EDIP : les Pays-Bas ont une vision différente de la France et sont à ce stade opposés à l’idée d’une « préférence européenne ».

Publié le 10/06/2025
Sabine THILLAYE