Députée d'Indre-et-Loire
Membre de la commission Affaires étrangères
Membre de la commission des Affaires européennes

24 Sep

Sommet franco-allemand et ETI

Catégories : Activité Parlementaire

Le moteur franco-allemand est bel et bien relancé. Le dernier Conseil des ministres franco-allemand a démontré combien la coopération entre Paris et Berlin demeure l’épine dorsale de l’Union européenne. Dans un contexte géopolitique marqué par le retour de la guerre aux frontières européennes, l’intensification de la compétition économique mondiale et l’accélération des révolutions technologiques, les deux pays ont su dépasser leurs divergences pour tracer une feuille de route commune ambitieuse.

L’Europe de la défense, longtemps reléguée aux déclarations d’intention, prend enfin une dimension opérationnelle. La convergence stratégique entre la France et l’Allemagne s’affirme face aux menaces multiples qui pèsent sur le continent. La France et l’Allemagne renforcent ainsi leur coopération capacitaire : le système de combat terrestre (MGCS), le programme de SCAF/NGWS avec l’Espagne, ou encore l’initiative d’alerte précoce spatiale et terrestre baptisée JEWEL.

Ces projets, parfois complexes dans leur gouvernance, traduisent une volonté de bâtir une souveraineté européenne crédible. Ils s’accompagnent d’une démarche d’innovation de rupture, de financements communs et d’une relance de la coopération en matière d’armement, avec l’objectif de ne plus subir mais de peser. Les défis persistent – divergences industrielles, articulation OTAN-UE, acceptabilité politique – mais la méthode est là : agenda partagé, étapes claires, volonté d’avancer.

Sur le volet économique, le constat dressé par les rapports Letta et Draghi est préoccupant. L’Europe accuse un retard inquiétant : stagnation du PIB par habitant, fuite des talents et des innovations vers d’autres continents, bureaucratie paralysante pour les entreprises. L’Agenda Économique Commun dessine une réponse en deux volets : simplification réglementaire et investissement massif dans l’innovation.

Simplifier d’abord, avec entre autres, des paquets législatifs destinés à réduire la charge administrative des PME, TPE et ETI, l’introduction d’une règle « 1 pour 1 » et la création d’un 28ème régime – qui pourrait intégrer des éléments de la société européenne simplifiée.

Au-delà des instruments, l’ambition est claire : replacer les entreprises de taille intermédiaire au cœur du projet économique européen. Si en Allemagne, le Mittelstand (difficilement transposable en français) – ensemble d’entreprises de taille moyenne se caractérisent par l’influence personnelle significative de l’entrepreneur sur la direction de l’entreprise, la prise de risque assumée par celui-ci, et la dépendance de ses revenus à la réussite de l’activité – représente une partie importante du tissu économique allemand, la France accuse un léger retard sur la question des ETI.

Pourtant, leur rôle est central : elles exportent, innovent, irriguent les territoires et créent des emplois durables.

J’ai d’ailleurs rencontré le président du BVMW Mittelstand lors d’un déjeuner de travail à Paris, organisé avec le METI. À cette occasion, ils ont présenté l’Appel de Paris, qui propose de simplifier les normes freinant la compétitivité, d’aligner fiscalités et coûts du travail, de garantir une énergie abordable, de privilégier le « produire en Europe » dans la commande publique, et de protéger la souveraineté des entreprises européennes.

Ces mesures traduisent une ambition claire : renforcer la résilience industrielle et économique de l’Europe et soutenir les entreprises capables d’innover et d’exporter. Après des années d’essoufflement et de doutes, le moteur franco-allemand semble retrouver sa puissance.

Publié le 24/09/2025
Sabine THILLAYE