Députée d'Indre-et-Loire
Membre de la commission Affaires étrangères
Membre de la commission des Affaires européennes
Catégories : Commission Défense et forces armées
Les 24 et 25 mars derniers je me suis rendue à la Conférence interparlementaire pour la politique étrangère et de sécurité commune et la politique de sécurité et de défense commune à Varsovie(Pologne). La Conférence s’est ouverte sur un discours du président du Sejm (équivalent de l’Assemblée nationale en France) Szymon Hołownia, qui a rappelé en deux mots la devise de la présidence polonaise du Conseil de l’Union européenne : « Sécurité, Europe ». Le ton des deux jours de Conférence était ainsi donné en appelant ainsi au réveil des Européens pour une défense commune, la protection américaine n’étant plus une chose acquise, l’Europe doit produire sur son sol les moyens de sa défense et le président du Sejm y croit, nous en sommes capables. Près de 500 millions d’européens ne doivent pas prier 340 millions d’américains de les aider face à 142 millions de russes.
Alors que l’industrie de la défense russe bat son plein avec un État à la manœuvre, la pression sur l’avenir de nos démocraties est plus forte que jamais après des décennies de paix en Europe. Après avoir rappelé sa détermination et sa croyance en l’Union européenne « le projet le plus fantastique que la civilisation ait produit au cours des 100 à 200 dernières années », la Conférence s’est réunie pour échanger sur plusieurs thématiques relatives à la protection et la sécurité de l’UE : menaces hybrides, l’architecture de sécurité pour l’Union européenne ; la question des forces armées de l’Union européenne : nécessité ou alternative?; ou encore les menaces russes pesant en mer Baltique sur lesquelles Władysław Kosiniak-Kamysz, député et Vice-président du Conseil des ministres de Pologne, Ministre de la Défense nationale est revenu. Des débats ont également eu lieu sur le rôle de l’UE dans la promotion de la stabilité régionale et de la coopération internationale en matière de défense.
Parmi les principaux enseignements, il convient de noter que les européens semblent s’accorder sur le fait que face aux menaces hybrides, qui ne connaissent ni frontières ni espace, la coopération est nécessaire et la société civile ne doit pas rester passive, elle doit également être « éduquée » à ces nouvelles menaces. Au-delà de la France, la Pologne entend jouer un vrai rôle de leadership dans le développement d’une défense européenne. Le pays dépense près de 4,7% de son PIB en matière de défense. En outre, l’importance de continuer de dialoguer avec les américains est revenue à plusieurs reprises, notamment parce qu’aujourd’hui les Etats-Unis jouent un rôle crucial en matière de renseignement, le conflit en Ukraine étant également une guerre satellitaire.
Ivanna Klympush-Tsintsadze, Présidente de la commission sur l’intégration de l’Ukraine dans l’UE a rappelé la nécessité d’agir vite, les conférences et sommets n’étant pas suffisants pour défendre l’Ukraine, il faut des actions concrètes, reposant sur des coalitions de volontaires qui ne doivent pas nécessairement s’inscrire dans les formats déjà existants mais sur des alliances plus larges. S’inscrivant dans cette ligne de conduite, j’ai appelé au pragmatisme et à l’action concrète pour sortir de ce conflit et construire une paix juste et durable. Comme le veut l’adage, qui veut la paix prépare la guerre, pour apporter la paix en Europe, nous devons d’abord renforcer notre base industrielle et technologique de défense d’une part et travailler sur la standardisation de nos matériels capacitaires pour garantir l’interopérabilité de nos forces armées d’autre part. Pour ce faire, nos industriels ont besoin de prévisibilité, de clarté sur les besoins réels des forces armées et surtout d’un cadre européen que nous devons nous efforcer de rendre plus lisible et applicable.
A l’issue de cette Conférence et des débats riches et nourris, les coprésidents ont adopté une déclaration commune réaffirmant entre autres son soutien continu à l’Ukraine, notamment en matière militaire et humanitaire, et a appelé à un renforcement des capacités de défense européenne, y compris dans des domaines clés comme les drones et la cybersécurité. Les participants ont également souligné l’importance de la coopération transatlantique, la résilience énergétique de l’UE et le respect du droit international dans la politique étrangère. Ils ont insisté sur la nécessité de renforcer la coopération en matière de renseignement et de protection des infrastructures critiques.