Députée d'Indre-et-Loire
Membre de la commission Affaires étrangères
Membre de la commission des Affaires européennes
Catégories : Commission des Affaires Européennes
Les États membres de l’UE continuent de lever le tabou d’une défense européenne commune. Le Programme Européen de l’Industrie de Défense (EDIP), par exemple, cherche à encourager les collaborations industrielles et à soutenir des projets d’armements européens, comme le projet FMBTech dirigé par Thales, financé à hauteur de 20 millions d’euros par le Fonds européen de défense. Ce projet, visant à développer des technologies avancées pour les chars de combat, est un exemple typique d’un effort européen pour rattraper le retard technologique et renforcer les capacités collectives. Les dernières annonces sur le programme EDIP témoignent d’une avancée vers une politique industrielle de défense plus structurée.
Les députés européens ont récemment entériné des critères d’éligibilité plus ouverts que ceux proposés par les rapporteurs du Parlement, tout en restant plus ambitieux que la version initiale de la Commission. Désormais, les projets collaboratifs devront impliquer au moins quatre entités issues de quatre États membres ou pays associés. Les composants produits dans l’UE devront représenter au moins 70 % de la valeur finale, et les projets d’intérêt commun devront associer six États membres, ou quatre pays exposés à un risque militaire élevé. L’Ukraine est officiellement autorisée à participer à ces projets, confirmant l’ancrage stratégique de Kiev dans l’écosystème européen de défense.
En France, la nécessité de moderniser et de maintenir une capacité de défense autonome est de plus en plus pressante. Le groupe Dassault Aviation, qui produit le Rafale, fait face à une pression sans précédent pour répondre aux besoins internes et aux commandes internationales. En réponse, il prévoit une augmentation significative de sa cadence de production, allant de deux à quatre avions par mois d’ici 2030. La décision d’acheter d’urgence 20 Rafale pour l’Armée de l’air et 10 Rafale pour la Marine nationale en témoigne. Cette commande, estimée à 3 milliards d’euros, est une réponse à une situation critique. Ces questions sont notamment abordées en vue de la révision de la revue nationale stratégique à laquelle je contribue, en ma qualité de parlementaire, lors de mes travaux au sein de la Commission de la Défense nationale et des Forces armées.
La Revue nationale stratégique, dont la dernière révision remonte à 2022, est l’occasion d’un cycle d’auditions à l’Assemblée nationale afin de mieux cerner les défis actuels et futurs. Cette démarche permettant d’interroger de hauts responsables militaires comme des membres du gouvernement nous donne l’opportunité d’avoir un regard éclairé de leurs expériences afin de rendre une contribution pertinente. Leur contribution est essentielle pour définir les priorités en matière de dissuasion nucléaire, de cybersécurité et de coopération. Déjà de premiers constats se dessinent : la France doit s’assurer que sa défense reste non seulement crédible, mais également prête à répondre à des menaces diversifiées. L’accent a été mis sur la nécessité de renforcer les capacités ainsi que de penser à une échelle plus large.
Malgré ces efforts, la question de l’autonomie stratégique de l’UE reste ouverte. Bien que des mécanismes de financement comme l’instrument SAFE, qui prévoit de prêter 150 milliards d’euros aux États membres pour moderniser leurs forces, ou encore l’activation de fonds exceptionnels pour la Défense montrent une volonté d’agir, l’Europe reste confrontée à des défis en matière de coordination et d’intégration. Les divergences de priorités et les différences industrielles rendent difficile la constitution d’une force de défense européenne homogène et cohérente.