Députée d'Indre-et-Loire
Membre de la commission Affaires étrangères
Membre de la commission des Affaires européennes
Catégories : Commission Défense et forces armées
Le 23 février dernier avait lieu le forum franco-allemand sur la sécurité. Ce fut l’occasion de débattre du concept de “boussole stratégique”, née sous Présidence allemande et qui aboutira sous Présidence française de l’Union européenne, servant à orienter le développement de la Défense européenne.
Depuis une vingtaine d’années, de nombreuses réflexions ont été menées et plusieurs documents ont été élaborés, au plus haut niveau, avec l’ambition de définir le rôle de l’Union européenne dans le monde et ses priorités en matière de sécurité. Le dernier en date est, bien sûr, la Stratégie globale pour la PESC de 2016.
Toutefois, force est de constater, cinq années après son adoption, que cette Stratégie globale n’a pas tenu ses promesses. Les États-membres ne se sont pas sentis engagés par cette Stratégie globale, ni en tant que Conseil, ni en tant qu États-membres, d’autant qu’elle a été publiée à la veille d’une série de bouleversements majeurs sur la scène internationale : du Brexit à l’élection de Trump, de l’affaiblissement de l’OTAN à l’agressivité turque, en attendant, bien sûr, la pandémie de coronavirus.
Le lancement de la Boussole stratégique apparaît donc particulièrement opportun. Il repose sur une méthode qui tire les conséquences du relatif échec de la Stratégie globale, en confiant le premier rôle aux États-membres et en centrant les débats et le résultat sur les questions de défense et de sécurité.
L’analyse des menaces communes est un exercice fondamental qui participe directement à l’un des objectifs de la Boussole stratégique : définir une culture stratégique pour 27, laquelle repose sur le partage des différentes priorités nationales de sécurité et la compréhension de celles des autres.
La structure de la Boussole stratégique est connue. Elle comportera quatre « paniers » : gestion de crise, résilience, capacités et partenaires. Concernant la capacité, la politique de sécurité et de défense commune a connu un développement considérable ces dernières années avec la multiplication des initiatives comme la Coopération structurée permanente (PESCO), le Fonds européen de Défense, la revue annuelle coordonnée des politiques de défense CARD ou encore le Plan de développement des capacités (CDP). La Boussole stratégique pourrait assurer la cohérence de ces initiatives en leur donnant le cap qui leur fait défaut.
Si la Boussole stratégique veut apporter une réelle plus-value à la construction de l’Europe de la Défense et ne pas être un nouvel exercice de réflexion – certes très intéressant – mais stérile sur la PSDC, elle devra mettre par écrit cette volonté des européens d’agir ensemble, sur le terrain, pour la défense des intérêts de l’Union européenne et contre ceux qui la menacent, et faire en sorte que cette volonté soit crédible.